La réconciliation entre les personnes est une voie véritable vers la paix et le progrès. Pour rassembler autour d’une même table les rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi de 1994 et leurs bourreaux, l’Association Modeste et Innocent (AMI) utilise l’approche de la bonté humaine, de l’empathie et du don (ubuntu). A partir de cette approche, une partie de gens montent de la falaise des chagrins (igikombe cy’amaganya) et l’autre descend du sommet de l’agressivité (akanunga k’urugomo). Ils se rencontrent sur une plaine d’entente et de bonheur (Amataba). C’est ainsi que dans les secteurs de Rusenge et de Ngera du district de Nyaruguru, l’Association Modeste et Innocent (AMI) a mis en place un espace de dialogue social. Il a créé des groupes d’entraide mutuelle appelés « Amataba, » Ils regroupent d’un côté 20 rescapés du génocide, et de l’autre 20 auteurs du génocide ayant purgé leurs peines après avoir plaidé coupables. Les membres de ces groupes affirment que la réconciliation a créé un climat de confiance. Ce qui leur a permis de travailler ensemble pour le développement inclusif. Nyirabuzaza Sophie fait partie de l’un de ces groupes d’entraide dans le secteur de Ngera. Elle vient de purger sa peine de 9 ans de prison. Elle avait été condamnée pour pillages pendant le génocide perpétré contre les Tutsi. « Au début j’avais peur d’eux. Je pensais qu’ils avaient rancune contre moi et qu’ils allaient se venger. AMI nous a réunis et un climat de confiance s’est rétabli progressivement entre nous, » déclare Nyirabuzuza. « Aujourd’hui, nous avons un groupe d’entraide et cultivons les mêmes champs. Depuis que je fais partie du groupe, ma production agricole a triplé, » se réjouit-elle. Murindabigwi Philippe, président de groupe « Amataba » dans le secteur de Ngera, est rescapé du génocide perpétré contre les Tutsi. Il compare la situation d’avant et après le lancement du processus de réconciliation. « On se méfiait d’eux et ils se méfiaient de nous. On ne se parlait pas. Aujourd’hui grace aux techniques de réconciliation utilisées par AMI, nous avons cultivé la paix et avons formé un groupe d’entraide. On loue les champs et on cultive le manioc ensemble. On vit mieux aujourd’hui, » déclare Murindabigwi. Il affirme que l’unité a permis d’identifier leur ennemi commun à savoir la pauvreté. Ils ont décidé de le combattre ensemble. La confiance accélère le développement Pasteur Anicet Kabalisa, l’initiateur de ces groupes, fait savoir qu’une fois la confiance installée, automatiquement le développement s’accélère. « Nous les avons mis ensemble et avons commencé une thérapie sociale. Ce qui les unit prime sur ce qui les sépare. Ils ont constaté que la pauvreté est le seul ennemi commun qu’il faut combattre. Aujourd’hui ils travaillent ensemble et se rendent compte qu’effectivement l’union fait la force, » fait savoir Pasteur Anicet Kabalisa membre de l’Association AMI.” Le vice maire du district de Nyaruguru en charge des Affaires Economique et du Développement, Janvier Gashema, confirme, à son tour, que l’unité et la réconciliation constituent une voie menant vers le développement communautaire. « L’union fait la force. Nous avons constaté que la solidarité entre la population de Nyaruguru est source de développement. Nous soutenons, bien sûr, cette démarche noble de l’Association AMI, » a affirmé le vice maire Gashema. Dans ces deux secteurs de Ngera et Rusenge, l’Association AMI a créé 12 groupes d’unité et réconciliation dits « Amataba . » Ils rassemblent chacun 40 personnes. Ils ont reçu la mission de porter le flambeau de la réconciliation dans leurs villages respectifs.